Samedi 9 et dimanche 10 septembre, la Fédération sportive LGBT+ organise un forum des sports LGBT+ à la Halle des Blancs-Manteaux à Paris.
Sous une chaleur étouffante, les corps sautillent. Gauche, droite, gauche, droite. Le regard fixe, les poings sont envoyés en avant. Gauche, gauche, droite. Pour garder le rythme, les enceintes crachent Sissy That Walk et I’m a Winner, baby, chanson de RuPaul devenue marque de fabrique des émissions « Drag race » . Bienvenue au Paname Boxing club, seul club de boxe française inclusif LGBT+ de Paris.
« Ça peut paraître très communautaire, mais quand on voit que le nombre d’insultes homophobes qui peuvent être proférées dans les stades, la communauté LGBT a besoin de se retrouver entre pairs pour se sentir en sécurité », commente Eric Arassus, président Fédération sportive LGBT+ qui regroupe une soixantaine d’associations. Parmi elle, Les Coqs festifs, association de rugby propulsée au rang d’icône LGBT+ pendant l’été après leur participation à un épisode de la saison 2 de « Drag race France ».
« La virilité n’est pas réservée aux hétéros »
Ce samedi 2 septembre 2023, une effervescence règne aux abords du stade Pershing, dans le bois de Vincennes (12e). Sur le terrain, les chaleureuses embrassades sont vite remplacées par des placages musclés. « La virilité n’est pas réservée qu’aux hétéros », plaide Alban, le président des Coqs festifs.
Sur la touche, Pascal et sa large carrure engoncée dans un costume gris et cravate rose détonne au milieu des tee-shirts en lycra et chaussettes de sport aux couleurs du drapeau LGBT+, la marque de fabrique des Coqs festifs. « J’ai un mariage tout à l’heure », répond-il à ceux qui s’en étonnent.
Ses crampons, il les a raccrochés il y a plusieurs années : « Un p’tit merdeux qui m’a flingué le dos lors d’un match ». Mais depuis un an, à la faveur d’une rencontre, il est devenu un fidèle supporter de l’équipe. De son expérience dans les clubs de rugby, il en garde un goût amer. « C’était l’horreur », lâche-t-il sèchement.
Se réconcilier avec les sports collectifs en tant que LGBT
À l’issue de l’entraînement, deux amis qui participaient à une séance d’essai partagent leur expérience : « Ça m’a réconcilié avec le sport collectif ». « Ça m’a gay-ri » , répond l’autre, plein de malice.
Pour beaucoup, les traumatismes et premières insultes remontent à l’adolescence. « On s’est systématiquement fait traiter de PD sans même savoir qu’on l’est », confie Alban. « Avant j’allais dans une salle de sport classique à Paris. Et même si j’étais pas forcément visé, je n’en pouvais plus des réflexions déplacées dans les vestiaires », abonde Nicolas, adhérent et ancien président du Paname Boxing club. D’autres ont été victimes d’outing, soit le fait de révéler l’orientation sexuelle ou la transidentité d’une personne sans son consentement.
« Il est primordial de commencer l’éducation aux problématiques de l’homophobie dès le plus jeune âge, à l’Éducation nationale et dans les clubs de sports, avec une sensibilisation des entraîneurs également », plaide Eric Arassus.